Le miracle des mots.

Si vous lisez ici « pomme », ou si vous prononcez le mot « pomme », comme une petite explosion suivie d’une expiration sonore, un vrai petit mantra au fait si vous jouez sur la longueur et finissez dans un murmure, que se passe-t-il exactement ? Cela peut être très variable d’une personne à l’autre bien entendu :

  • l’amorce d’une mélodie bien connue : pom pom pom pooom !
  • l’envie de croquer dans un fruit bien juteux
  • le signe d’une alimentation saine
  • une pensée d’interdit, voire de péché originel
  • la perte humiliante dans un jeu de cartes : je suis pomme…
  • une manière douce de me caractériser lorsque j’ai fait une erreur
  • la marque d’un ordinateur
  • enfin le petit mantra évoqué ci-dessus
  • et peut-être beaucoup d’autres choses encore.

N’hésitez pas à prolonger la liste. Un peu d’encre sur le papier, cinq lettres (voilà autre chose…), un son, et toute une ribambelle d’évocations diverses. Mais lorsque l’on est plusieurs dans un partage, il y a de grandes chances que, contexte faisant, l’évocation soit la même pour tous. C’est peut-être une banalité de le dire, mais n’y a-t-il pas là un petit miracle ? Avec le mot « pomme », nous n’y songeons pas, mais avec sérénité, néant, amour, compassion, frémissement, tristesse, pitié, et tant d’autres, voilà la possibilité de partager des sentiments profonds, inaccessibles, et concernant parfois notre existentialisme même. Ce petit miracle n’aurait-il pas un rapport avec cette Parole : « au commencement, était la Parole » ?