« Apporte-la ici ton âme, et je la pacifierai. »
Ces mots attribués à Bodhidharma, et adressés à son disciple Ekaï, qui s’était coupé un bras pour obtenir enfin un entretien, ont provoqué l’illumination de ce dernier, selon la légende.
Nous voici à notre tour à la recherche de notre âme, âme étant ici un simple nom pour désigner ce rien en nous qui nous appelle sans cesse et que nous avons tant de peine à rejoindre.
Voilà ce rien comme un ultra léger dans un océan de pensées : notre propre ego. Ainsi chahuté, il se tait, se fait encore plus discret, son appel finit par se perdre au loin comme le cri de l’alouette filant vers le sud.
Zazen est là pour notre quête, saisissons cette chance sans nous couper un bras. C’est d’abord un premier choix décisif, je m’assieds, dans une posture la plus favorable possible pour durer, avec la ferme résolution d’aller à la rencontre de ce rien. Expiration après expiration, voilà enfin cet océan de mes pensées se calmant, donnant à ce rien de réapparaître, tel une minuscule méduse qui peu à peu se fait plus lumineuse et descend tout doucement en moi, tout au fond de moi. Attention ! la moindre agitation l’effraie, l’éclipse, l’éteint. Nouvelle expiration pour lui redonner place, de plus en plus de place, toute la place. Voilà alors notre chemin bien engagé.